La part des véhicules électriques dans les nouvelles immatriculations a plus que doublé entre 2020 et décembre 2023 passant de 6,7 à 16,8 % et le cap du millionième véhicule 100 % électrique vient d’être franchi. La densification du maillage en bornes de recharge devient plus que jamais stratégique pour le marché de l’itinérance. L’enjeu est double : adapter l’offre pour les utilisateurs d’aujourd’hui et rassurer ceux de demain. La crainte d’une autonomie insuffisante pour un long trajet combinée à l’accessibilité, la disponibilité et la rapidité d’une solution de recharge restent les freins majeurs au développement de la mobilité durable.
Décryptage avec Eléonore BON, en charge du réseau des stations de recharge chez ENGIE Vianeo.
Quelles sont les caractéristiques du marché de l’itinérance ?
Aux côtés de la recharge à domicile, sur la voie publique et à destination (hôtels, restaurants, commerces…), l’itinérance est stratégique pour le développement de la mobilité électrique, car elle participe à rassurer les conducteurs. Sur ce marché spécifique, l’autoroute est évidemment le premier lieu de l’itinérance, aussi bien pour les particuliers que les professionnels, en mobilité lourde ou légère. Outre l’augmentation annoncée du parc de véhicules électriques, d’autres facteurs sont à prendre en compte comme l’autonomie des véhicules et la performance des stations. Les installations sont adaptées au trafic sur les aires de services avec des bornes de 300 kW et bientôt 400 kW. C’est en effet la charge ultra-rapide qui est majoritairement utilisée. Aujourd’hui, la durée d’une recharge oscille entre 20 et 30 minutes maximum ce qui montre que les automobilistes ont bien intégré dans leurs usages de ne pas aller au-delà des 80 %, la vitesse de charge ralentissant nettement au-delà.
De manière plus générale, le marché de l’itinérance repose sur un réseau cohérent et dense avec un maillage pertinent et une approche d’ensemble pour combiner les grands axes avec les stations situées en périphérie des villes. Plus que le nombre de bornes, c’est leur répartition qui est la clé de ce marché. Analyse des flux, taux d’installation, interconnexions routières sont autant d’éléments structurants pour concevoir et déployer les stations de recharge.
N’oublions pas non plus que l’itinérance vient répondre aux directives gouvernementales et européennes en matière de transition énergétique. La Commission européenne impose aux États membres de prévoir des stations de recharge tous les 60 km sur les grands axes routiers et vise l’installation de 3,5 millions de points de recharge à horizon 2030.
Quels sont les enjeux pour accélérer la transition de la mobilité ?
Le réseau routier national représente plus de 20.000 km en France, dont 12.000 pour les seules autoroutes. Si l’équipement en bornes de recharge rapide est un défi à relever dans les meilleurs délais, la structure du réseau est un atout. Le modèle des concessions permet d’aborder le déploiement avec une vision solide car conçue dans la durée, avec des contrats d’une quinzaine d’années.
Dynamique, le marché de l’itinérance est aussi évolutif et nécessite d’anticiper les besoins en installation de nouvelles bornes pour s’adapter à l’augmentation du nombre de véhicules électriques en circulation. Ainsi, dès le contrat initial, des installations sont d’ores et déjà prévues pour adapter le nombre de bornes et des endroits préalablement identifiés sont ainsi précâblés. Nous restons, par ailleurs, agiles, en concertation avec nos partenaires autoroutiers, pour aller au-delà si nécessaire.
Les opérateurs doivent donc être particulièrement vigilants sur la saturation des bornes en fonction des pics de fréquentation des aires de services. L’expérience client est une clé de la transition et repose sur un confort d’utilisation. Chez ENGIE Vianeo, toute une équipe travaille de manière à garantir la meilleure expérience de recharge à nos clients et veille à assurer une fluidité optimale dans le parcours de recharge. En clair, même lors des départs en vacances ou des chassés-croisés, la fluidité sur la station est un impératif. Notre opération “été serein” mise en place l’été dernier a permis d’accompagner les automobilistes pendant les périodes d’affluence pour que le lancement de charge soit fluide et que les éventuels temps d’attente soient limités. Il en va également de la sécurité des utilisateurs et des véhicules. Cette satisfaction entraîne une progression de la fréquentation grâce aux applications et outils d’aide à la planification des trajets. Trafic, état des bornes, accessibilité, services associés sont autant de critères de notation appréciés par les communautés d’utilisateurs. La maintenance et le remplacement des pièces usées pour garantir la continuité du service sont des facteurs déterminants.
Quelles sont les tendances et perspectives pour les années à venir ?
Si la mobilité électrique est désormais bien acceptée en milieu urbain et péri-urbain, la recharge en itinérance est l’un des derniers défis à relever pour faciliter la transition de la mobilité. Rouler en électrique ne doit plus jamais être un handicap face aux véhicules thermiques. C’est pourquoi nous comptons désormais 64 stations ENGIE Vianeo sur autoroutes installées ou en cours d’installation : 18 sur le réseau Sanef, 14 sur le réseau Vinci, 16 sur le réseau APRR et 16 sur le réseau Certas (stations-service exploitées sous la marque ESSO).
Sur un marché ouvert, la qualité de service, la fidélisation et le prix font la différence. Le prix d’une recharge doit gagner en lisibilité et simplicité. Cela passe par des aménagements parfois simples comme les totems situés à l’entrée de nos stations avec le tarif affiché en toute transparence. Si nous sommes encore pionniers dans ce domaine, ces bonnes pratiques devraient se généraliser rapidement, tout comme le paiement par carte bancaire, sans commission des opérateurs.
La conversion de flottes automobiles professionnelles peut aussi être accélérée grâce à des mesures incitatives. Par exemple, en s’alliant avec BUMP, ENGIE Vianeo donne un accès privilégié à ses 680 points de charge ultra-rapide situés sur les réseaux autoroutiers dans tout l’hexagone. La simplification de la recharge en itinérance pour les flottes professionnelles est, en effet, un levier majeur pour réussir la transition écologique des transports. Enfin, les stations sur les grands axes doivent aussi être accessibles pour la mobilité lourde pour réussir à décarboner la mobilité qui représente en France 30 % des émissions de gaz à effet de serre.